mercredi 28 janvier 2015

Jour 46

Mardi 20 janvier 2015

Gan, ou le petit homme de Khlong Toey (suite)

Aujourd'hui, Gan va mieux. Il a retrouvé le sourire et l'envie d'apprendre.

Il aura encore bien des montagnes à franchir, des occasions de devenir moine à nouveau, mais pour l'instant l'heure est à la rigolade et aux blagues d'un enfant de 6 ans...

Sous le regard ébahi de mes collègues thaïlandaises, je dégaine la surprise du jour: de la mousse à raser!
J'en étale sur un plateau et je montre à Gan comment il peut y écrire les mots qu'il doit apprendre pour ses devoirs. Son sourire se fait plus large encore et j'aperçois la malice qui réapparaît dans ses yeux.

Gan s'applique, la langue tirée à l'extrémité de sa bouche, des sourires discrets lancés à mon égard par intermittences.
On termine l'activité en éclats de rires, avec chacun une barbe de mousse à raser naissante et six pairs de yeux incrédules nous fixant.
C'est à ce moment que Kristine rentre et lance aux thaïlandaises: "Farang ding dong!!" (sont fous ces étrangers!).





mardi 27 janvier 2015

Jour 43 (suite)

Samedi 17 janvier 2015

En route avec Jariya, notre colloc' thaïe, pour Lumphini Park, où est organisé le festival "2015 Discover Thainess".



 


C'est parti pour des heures de musique et de danses traditionnelles, de dégustation de Sticky rice and Mango, Saucisses Thaïlandaises, Omelettes aux moules,... 









On s'y est rendu en minibus, puis en bus local. Le retour, ce sera en Tuk Tuk, façon thaïlandaise: 3 d'entre-nous sur le banc à l'arrière et deux entassés à nos pieds.
C'est rapide, moins de 10min! Côté adrénaline, c'est bien mieux que le bateau pirate de Walibi!


vendredi 23 janvier 2015

Jour 43

Samedi 17 janvier 2015

Malgré la grisaille du quotidien, mes journées sont souvent colorées des sourires des passants, des éclats de rires des enfants et de l'humeur taquine de mes collègues thaïlandais.

Il est rare qu'un évènement triste ou qu'une mésaventure me gâche la journée, tellement il y a d'autres occasions dans les heures qui suivent de sourire ou de rire! Ici, tout est prétexte à la fête.

Aujourd'hui, on célèbre la Nouvelle Année avec tout le personnel de Mercy. On est une bonne centaine!
Après un petit déjeuner de bouillie de riz, départ dans les rues de Khlong Toey pour une parade haut en couleurs: tambours, chants, vêtements verts ou orange en fonction de l'équipe à laquelle on appartient.
Kristine, Ingrid et moi réalisons rapidement que les quelques touches d'orange de nos habits ne suffiront pas à rivaliser avec les costumes thaïlandais...
Départ pour une petite échoppe pour trouver de quoi égayer les nôtres.








La matinée se poursuit avec divers jeux traditionnels.
Je me fais recruter pour une course à la noix de coco: je dois courir le plus vite possible à l'aide d'échasses faites de coquilles de noix de coco. Le petit détail qui tue... la cordelette qui tient les deux coquilles est placée entre mon gros orteil et un petit...



Apparemment j'ai un don pour ça... P-Mo est fier de moi!


La fête se poursuit par un buffet de plats préparés par les grands-mères du quartier et se termine par une chorégraphie de la Macarena! 

jeudi 22 janvier 2015

Jour 42

Vendredi 16 janvier 2015 (suite)

En vivant dans le bidonville, j'ai l'impression de faire partie d'une petite communauté. Je salue mes voisins, j'échange quelques mots en thaï avec la vendeuse de fruits, les enfants des Soi avoisinants m'accompagnent à la maison le soir venu.

Ici, les gens de Khlong Toey sont ceux d'en-bas, ceux qui ne valent rien... ceux auprès de qui les chauffeurs de taxi ne veulent pas me ramener la nuit tombée...

Je me sens privilégiée de pouvoir faire partie de la vie de ces rues-ci.


Ce soir, en gravissant les 83 étages de la Baiyoke Tower, mes oreilles se bouchent à fur et à mesure que l'ascenseur monte et je me sens portée bien loin des petites souris de Khlong Toey.

Ce n'est qu'une fois en haut, sur la plateforme d'observation, que je prends conscience de la mégapole qui englobe 'notre' quartier. C'est beau, c'est grand, c'est haut.

Où est Khlong Toey dans cet profusion de lumières, de routes et de bâtisses?





mercredi 21 janvier 2015

Jour 42

Vendredi 16 janvier


Gan, ou le petit homme de Khlong Toey (suite)


Aujourd'hui, c'en est vraiment trop pour le 'grand' petit homme Gan. 

La semaine a été trop forte en émotions.
D'abord le décès soudain de son Grand-père en fin de semaine dernière; le seul membre de sa 'vraie' famille qui s'occupait un peu de lui. Puis, deux jours de rites initiatiques pour devenir moine pour l'enterrement, et la cérémonie à proprement parler mercredi.

Nous étions tous là, les bénévoles, ses mamans et ses frères et soeurs du Mercy Centre, ainsi que son 'autre' famille: ceux et celles qui s'occupaient de lui lorsqu'il traînait la journée au marché.
Gan est passé fièrement à côté de nous, le crâne et les sourcils rasés. Il savait qu'il jouait un rôle important dans le passage paisible dans l'au-delà pour son Grand-père.
Ses émotions devaient être un mélange doux et amer à la fois: le bonheur de nous avoir tous réunis et la souffrance de la perte d'un être cher...

Cette tristesse-là, il ne pourra pourtant pas l'exprimer; ses larmes étant immédiatement séchées à peine formées, de peur que l'une d'entre elles tombe sur le cercueil et retienne l'esprit du défunt.

Alors, depuis son retour au centre, Gan enchaîne les crises. Il ne sait pas comment dompter ce trop plein d'émotions. Il est en colère, pleure pour tout et ne laisse personne s'approcher de lui.
Apprendre à lire l'anglais n'est clairement pas une priorité aujourd'hui! 

mardi 20 janvier 2015

Jour 40

Mercredi 14 janvier

Ce matin en parcourant les ruelles étroites qui me mènent à l'école Rim Khlong Wat Saphan, je me retrouve prise dans un drôle de cortège.

Quatre dames âgées occidentales avancent avec peine, portant d'inombrables sacs colorés.
Arrivées dans la cour de l'école, je reconnais Sister Joan, une amie de Father Joe, qui elle aussi oeuvre pour les familles des bidonvilles. Les autres, deux américaines et une suisse allemande, sont des bénévoles catholiques. Elles apportent des cadeaux aux enfants.

C'est plutôt sympa de jouer au père Noël!









             "Cheeky rascal!" ;-)

                                                


Tentatives pour placer le bon nombres de doigts pour une jolie photo à la thaïlandaise (!):








mercredi 14 janvier 2015

Jour 39

Mardi 13 janvier 2015


"Les rencontres sont comme le vent; 
certaines vous effleurent la peau, d'autres vous renversent."




Le vent nous a portées, P-LekP-Sue Wa Di et moi, de bus en bus ce matin jusqu'à notre première destination: la petite cahute de Gap*, 52 ans et de sa maman.





Gap est assis au fond de leur cabanon, il nous salue avec toute l'énergie qu'il peut rassembler.  
Des années de drogues dures ont brisé son corps; une seringue lui a transmis le VIH.
Il vit ici depuis que l'hospice de la Fondation a fermé en 2012. P-Lek et P-Sue Wa Di lui rendent visite une fois par mois pour lui prodiguer quelques soins et apporter de quoi manger.




Sa maman nous parle, accroupie à même le sol, une bouchée d'un mélange de feuilles de Bétel et de poudre rose remplaçant ses dents manquantes. 
Elle me caresse doucement la main et me sourit, puis rit aux éclats lorsque je lui montre sa photo depuis mon téléphone. 

On poursuit notre chemin pour se laisser porter jusque Bua*, une jeune femme séropositive de 32 ans.
Un sac de tissu coloré, porté en bandoulière, tranche avec le gris de sa robe. Il contient les sondes pour ses reins. Cela fait un an qu'ils ont lâché et qu'elle ne peut plus travailler.
Elle me dit avoir de la chance, elle vit avec son 'boyfriend' qui prend bien soin d'elle.




Je devine au travers de sa fragilité une grande force.
Sa rencontre me bouleverse.

Elle me demande si nous nous reverrons. Je lui promets de revenir tout bientôt.

*Prénoms d'emprunt

Jour 38

Lundi 12 janvier

Depuis le retour des vacances de Noël, mes journées sont bien remplies!

9h: Accueil matinal en danse et musique à l'école Flat 23/24.





Je ne suis pas la seule à en rester bouche bée!



16h30: Une heure passée dans la maison des plus jeunes garçons du centre (Mercy 2), à faire des jeux et plein de câlins.







Les besoins sont immenses. Il n'y a que deux 'House Mums' pour 30 enfants! Les garçons s'accrochent à nous et aux jeux comme s'ils n'allaient plus jamais nous revoir...


17h45: La journée se termine avec une fête de la nouvelle année au département VIH. Au programme: mets thaïlandais, bières, musique et... chocolats Favargers!